Urbanisme favorable à la santé (UFS) et évaluation d’impact sur la santé (EIS)

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Les choix de planification et d’aménagement du territoire agissent sur la santé, la qualité de vie et le bien-être.
Aussi, les problématiques telles que obésité, asthme, inégalités de santé, troubles de la santé mentale (stress, dépression…), exposition aux agents délétères, constituent autant d’enjeux de santé publique étroitement conditionnés par la qualité de l’environnement urbain.

De nombreux déterminants de la santé relèvent directement ou indirectement des aménagements et des conditions de vie tant en milieu urbain que rural.

Les MOINS « santé »

  • Particules émises par les véhicules, émissions du chauffage et des industries…
  • Plantes allergisantes, moustiques, chenilles urticantes…
  • Qualité des eaux dégradée…
  • Bruits de la circulation, des travaux…
  • Habitat indigne, absenc de lien social…
  • Présence de friches industrielles et de dites et sols pollués…

Les PLUS « santé »

  • Zones piétonnières, pistes cyclables, transports en commun, déviation des voies à fort trafic…
  • Réhabilitation urbaine, construction et rénovation de bâtiments économes en énergie, réduction des émissions de gaz à effet de serre, maîtrise de l’énergie…
  • Gestion des eaux respectueuse des ressources et garante de la qualité de l’eau distribuée…
  • Espaces verts, lieux conviviaux, végétalisation des surfaces…
  • Action de lutte contre le bruit…

Levier pour les collectivités : une efficacité prouvée

L’ARS s’est engagée pleinement à développer les démarches d’urbanisme favorable à la santé au travers des actions du Plan Régional Santé Environnement 4 (PRSE 4), en partenariat avec la Région, la DREAL et l’ADEME.

Ainsi, le PRSE 4 décline de nombreuses actions spécifique à l’urbanisme favorable à la santé :

  • sensibiliser le grand public aux enjeux de l’urbanisme favorable à la santé ;
  • Favoriser le développement des mobilités douces/actives par l’aménagement ;
  • Organiser, promouvoir et accompagner la prise en compte des enjeux d’urbanisme favorable à la santé dans le cadre de la démarche « quartiers durables » ;
  • développer les évaluation d’impact en santé flash.

Investir dans l’urbanisme favorable à la santé c’est se donner le moyen d’implanter durablement les enjeux de santé dans une approche intersectorielle. C’est aussi se placer dans une vision d’économie de la santé avec à terme un gain en santé de la population, une augmentation de l’attractivité et de la résilience des territoires.

En effet, les collectivités concentrent une partie importante des populations et des risques d’exposition aux pollutions, aux effets du changement climatique, à la perte de biodiversité. Elles sont des actrices majeures dans l’élaboration de solutions à forts impacts, efficaces et innovantes. Leurs investissements, dans l’ensemble de leurs compétences portent des résultats positifs massifs et doivent être valorisés et soutenus.

À titre d’exemple, en déployant un urbanisme favorable à la santé, les collectivités peuvent favoriser l’activité physique, l’accès à un environnement végétalisé de qualité, à l’émergence des îlots de fraicheur et à la régénération de la biodiversité. Elles améliorent la qualité de l’air en développant les solutions de mobilités alternatives aux déplacements polluants, contribuent à développer l’offre de logements et sa rénovation et luttent contre l’habitat insalubre, ayant des conséquences sur les dépenses et la qualité de vie des ménages. Elles portent des solutions plus durables et saines, en matière d'alimentation, s’investissent sur la prévention des maladies zoonotiques par le contrôle des proliférations d’espèces à enjeux pour la santé telles que le moustique tigre.

De nombreux contrats locaux de santé, établis entre les collectivités territoriales et l’agence régionale de santé, intègre une fiche action dédiée au développement de l’urbanisme favorable à la santé dans tous les territoires.

L’urbanisme favorable à la santé (UFS) promeut une démarche de santé globale et la positionne comme facteur essentiel à l’attractivité du territoire, tout en luttant contre les inégalités de santé. Il s’agit d’aborder les questions d’urbanisme et d’aménagement selon une approche systémique et positive de la santé.

Ce concept a été initié par le réseau des villes santé de l’OMS Europe en 1987, comme étant « des pratiques d’aménagement qui tendent à promouvoir la santé et le bien-être des populations tout en respectant les piliers du développement durable ».

L’objectif de l’urbanisme favorable à la santé est de rendre plus résiliente les villes pour faire face au réchauffement climatique, au vieillissement de la population et à l’augmentation des maladies chroniques, tout en augmentant l’attractivité des territoires par le renforcement d’une haute qualité de vie, du bien-être, de l’accès à la nature, de la mobilité active, de la diminution des inégalités de santé et de la proximité des services et échanges.


Pour aller plus loin

L’Evaluation d’Impact sur la Santé (EIS) est une démarche d’aide à la décision inscrite dans l’approche des politiques favorables à la santé et dans la lutte contre les inégalités de santé. Ses principes et valeurs fondamentaux s’inscrivent dans ceux promus par la Charte d’Ottawa : une vision holistique de la santé, la démocratie, l’équité, le développement durable et l’utilisation éthique des données probantes.

Définition de l'OMS 

L’Évaluation d’impact sur la santé (EIS) est « une combinaison de procédures, de méthodes et d’outils par lesquels une politique, un programme ou une stratégie peuvent être évalués selon leurs effets potentiels sur la santé de la population et selon la dissémination de ces effets dans la population. Il s’agit d’un processus multidisciplinaire structuré par lequel une politique ou un projet sont analysés afin de déterminer leurs effets potentiels sur la santé. », Consensus de Göteborg, 1999 (Concertation internationale menée sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé).

Quel est l’intérêt de mettre en place une telle démarche ? 

La santé est influencée par des facteurs et déterminants sociaux, environnementaux, économiques.

Il est établi que le système de santé compte pour 20 % sur l’état de santé d’une population. Les 80 % restant se jouent ailleurs, dans les milieux et conditions de vie (Center for Disease Control and Prévention, 1982). Les décisions prises dans différentes politiques publiques ont donc des répercussions sur la santé des populations.

L’évaluation d’impact sur la santé permet d’agir sur les déterminants de la santé. Or, en travaillant sur les déterminants de la santé on contribue à la réduction des inégalités sociales, environnementales et territoriales de santé.


Pour aller plus loin